Le bout du tunnel ou la souffrance comme connaissance de soi


Article / vendredi, août 9th, 2019

D’un seul coup, c’est la fin du tunnel, une page qui se tourne, la lumière qui revient quand on ne l’attendait plus.

Certains disent qu’on reconnaît le grand amour lorsqu’on s’aperçoit que le seul être au monde qui pourrait vous consoler est justement celui qui vous a fait mal.

Guillaume Musso

Je me sens à cet instant comme quelqu’un qui a traversé un tunnel sans fin, et qui commence à voir une lueur, en pensant que c’est un mirage et dont la sortie ne deviendra réelle qu’à la lumière complète !

J’arrive aujourd’hui à 27 mois de souffrance qui n’a fait que s’accentuer avec le temps. Il s’agit de l’éloignement répété de mon compagnon qui travaillait sur de longues périodes, très loin et très fréquemment.

C’est le genre de situation que l’on connaît dès le départ, qui nous dérange dès le début mais dont on se persuade que cela va aller en réalisant que cela ne va pas du tout quand on est déjà bien trop embourbée.

J’aime essayer de voir ce que la vie m’apprend. Mais est-ce cela la vie ? Souffrir pour apprendre ? Notre moi est-il constitué uniquement de la somme de nos souffrances ? Pourquoi toujours trouver une utilité à cette souffrance ? Pourquoi surtout s’infliger cela ?

Car au fond, au début, je ne savais pas que cela aurait une fin ! Et je me suis quand même lancée…

Au fond, cette première relation m’apprend énormément de choses sur moi-même, notamment que je ne suis pas faite pour vivre des relations régulièrement à distance et que j’ai vraiment besoin d’être aux côtés de celui que j’aime. M’endormir et me réveiller seule est juste insupportable pour moi sachant que je suis en couple. Célibataire, cela l’était vraiment moins, c’était juste logique ! Qu’il s’agisse de mon passé, de ma situation de dépendance physique ou de ma personnalité (ou peut-être un peu de tout cela), je ne peux pas nier que si les choses n’avaient pas changé, j’aurais préféré mettre un terme définitivement à cette relation plutôt que de vivre dans cette profonde douleur récurrente.

Difficile aussi de supporter un certain déséquilibre quand l’être aimé vous manque à un tel point que vous en avez du mal à respirer alors que de l’autre côté, le manque existe tout en étant bien supporté ! Difficile de se raisonner quand les émotions prennent une telle ampleur. J’ai toujours aimé ma sensibilité mais elle me fait aussi parfois grandement défaut. Pourtant, je ne veux pas la perdre. Je suis incroyablement vivante quand je la ressens. Et ayant approché la mort de nombreuses fois par les soucis de santé, mes émotions me tiennent en vie.

Il y a aussi ce sentiment d’être pressée par le temps quand on sait que son espérance de vie est diminuée par la maladie. Ce ressenti d’avoir perdu tellement de jours sans voir celui qu’on aime alors que la vie vous en enlèvera probablement davantage que la plupart. Surtout quand vous avez déjà perdu 35 ans sans connaître ce sentiment d’amour. Combien de fois, je me suis réveillée avec l’angoisse que ma vie s’arrête alors qu’il n’est pas là ?

Dans 3 jours, ce sera son sourire qui sera la lumière au bout de ce tunnel. Je n’aime pas dire que cela en valait la peine ! C’est une expression qui ne sert qu’à chercher à soulager et à rassurer mais qui n’a absolument aucun effet et c’est surtout nié d’avoir souffert. Car on ne retira pas toute cette souffrance. Elle est bien marquée et au-delà de l’aspect psychologique, elle a laissé des traces sur mon corps et ma santé. Je ne peux pas regretter mais reconnaître que j’ai tout de même accepté une situation qui va à l’encontre de ma volonté. Un schéma qui est ancré en moi notamment par le handicap qui ne nous laisse que très peu le choix. Une tendance à reporter cette fatalité sur des décisions plus ou moins conscientes de laisser faire les choses sans rien dire même quand elles sont douloureuses. Au détriment d’un certain bien-être.

Peut-être va-t-il me falloir un peu de temps pour réaliser que mon compagnon a décidé d’être davantage à mes côtés. Pour accepter enfin d’aimer sans souffrir (ou moins en tout cas, car j’ai personnellement encore beaucoup de mal à dissocier les deux).

C’est surtout le moment de respirer un bon coup et de profiter pleinement de la vie de couple. Elle est très récente pour moi et si vous saviez comme je l’aime.

Enfin c’est surtout lui que j’aime plus que tout.

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